La loi antiterroriste au Brésil : Relectures du totalitarisme à partir de Giorgio Agamben et Hannah Arendt

Résumé

Le présent article a pour but de démontrer que des éléments totalitaires, tels que l’absence de protection juridique et la sujétion absolue de l’individu au pouvoir souverain, peuvent également transiter dans des régimes pourtant considérés comme démocratiques, où l’on peut observer une recrudescence progressive de l’intervention de l’État dans les libertés publiques. Le thème du terrorisme est ici traité à travers le prisme de la loi brésilienne nº 13.260/16, baptisée Loi Antiterrorisme. Nous chercherons à démontrer le lien entre totalitarisme et terrorisme,  et ce principalement dans le cadre de l’analyse des types pénaux prévus dans cette loi, dont l’amplitude d’incidence est effectivement en mesure de soumettre l’individu au pouvoir absolu du souverain sans aucun recours possible à quelconque mécanisme de protection juridique. Ce contexte nous montre que la législation même peut être utilisée comme instrument extra-juridique et non pas simplement comme une forme authentique de lutte contre le terrorisme. Nous nous sommes basés sur les théories des philosophes Giorgio Agamben et  Hannah Arendt, qui ont analysé sous des perspectives distinctes, mais néanmoins complémentaires, les différents aspects du totalitarisme du XX^e siècle, les caractéristiques et autres mécanismes l’ayant rendu possible, ainsi que la place, l’utilité et le rôle de l’individu dans ce contexte.