Mouler et moduler : pénalité et abolitionnisme dans les sociétés de contrôle

Résumé

Cet essai problématise les transformations de la pénalité dans les sociétés de contrôle. Pour ce faire, il reconstruit l'hypothèse, courante dans la littérature contemporaine, selon laquelle nous vivons dans une ère carcérale. Le problème est que cette hypothèse prend la prison disciplinaire comme modèle de contrôle, imaginant l'économie de la pénalité comme un invariant historique. En conséquence, elle décrit les formations sociales contemporaines comme des « prisons portables », des « capitalismes carcéraux », des « sociétés carcérales à ciel ouvert ». Afin de corriger ce qui nous semble être un malentendu, nous proposons une relecture des principaux apports du débat sur les sociétés de contrôle afin de repositionner à la fois le sens de la pénalité dans ces formations sociales émergentes et de reprendre le débat abolitionniste, de manière historiquement située, sur l'obsolescence des prisons.